RENCONTRE AVEC PyR Bijoux de créateurs
Vous vous rappelez? Nous vous avions déja fait découvrir les créations décalées et underground de PyR dans une de nos fameuses sélections! Et bien nous sommes ravies car nous avons eu la chance d'interviewer la créatrice ! Laissez vous émerveiller par le Petit Monde de PyR!
Les Maries-Françoises: Peux-tu te présenter en quelques mots et nous expliquer ton parcours ?
Ophélia : Je m'appelle Ophélia Leclercq, je suis créatrice de bijoux sous la marque PÿR.
J'ai fait une formation de bijouterie joaillerie à l'école Boulle. Après ces 5 années d'études, j'ai enchaîné quelques petits boulots dans le milieu de la bijouterie fantaisie. Je travaillais en parallèle avec un collectif d'artistes pour lequel je réalisais, dans le cadre de performances artistiques, des objets hybrides, qui s'apparentaient à des prothèses. Par la suite, j'ai travaillé un an en tant que maquettiste pour l'entreprise Des rues.
Être maquettiste consiste à fabriquer les prototypes des bijoux. Nous travaillions essentiellement pour les défilés Chanel. Puis, je me suis essayée en tant qu'accessoiriste sur quelques pièces de théâtre. Aujourd'hui, je continue à être maquettiste free-lance pour la mode.
Tout au long de ces expériences, j'ai continué à réaliser mes bijoux et j'ai monté ma petite structure il y a trois ans.
Depuis peu, je fais partie des Ateliers d'Art de France.
LMF: Si tu devais décrire ton univers ?
O: Assez difficile comme question car je travaille essentiellement par collections et celles-ci peuvent être assez éloignées visuellement. Par contre, j'ai des thèmes de prédilection: le corps humain, le cabinet de curiosité et l'acte de collectionner. Ces notions restent toujours présentes, qu'elles soient au centre ou en trame de fond de mes recherches.
Mais plus particulièrement, ce qui m'intéresse dans le bijou c'est qu'il soit porté sur un corps humain. J'essaie de trouver une relation entre le bijou et la peau, de mettre l'objet en scène sur le corps. Par exemple, pour la collection We are freaks, le choix de l'utilisation de poupées comme matière première fut surtout dicté pour son aspect chair : que le bijou se mélange au corps, qu'il devienne une continuité de celui-ci. Pour ma collection Memento Mori, l'utilisation du nylon permet d'avoir des montures transparentes et de donner l'impression que les fourmis grouillent sur la peau.
Je cherche à surprendre le regard et retrouver de l'émerveillement.
LMF: Comment t’es venue l’idée de créer des bijoux ?
O: Au début de mes études, je m'étais orientée en direction des arts appliqués. Mais pour une question d'éthique, je me suis tournée vers l’artisanat d'art. J'avais cherché des formations pour faire de la reliure, de la bijouterie et souffler du verre. Finalement, j'ai choisi la bijouterie. Ce n'était pas vraiment un choix par vocation, d'ailleurs je ne suis pas quelqu'un de précis ni de patient à la base...
Après un apprentissage technique un peu laborieux, je peux dire maintenant que j'aime vraiment réaliser des bijoux et développer mon univers.
LMF: Cela fait combien de temps maintenant ?
O: Cela fait maintenant 3 ans que je suis à mon compte. N'ayant pas envie de faire de la « grosse » production, je me développe assez lentement. D'ailleurs, j'aimerais de plus en plus travailler la pièce unique et me tourner vers un réseau de galeries.
LMF: Quels sont tes matériaux fétiches ?
O: De par ma formation, le métal (laiton, cuivre, argent) reste ma matière de prédilection. Je travaille aussi la cire, pour passer par des techniques de fonte à cire perdue. Souvent je mélange au métal des éléments que je récupère et détourne. Je pars fréquemment de ces éléments qui m'inspirent et le travail du métal vient après. Les expérimentations ont aussi une part importante dans mes recherches, j'essaie de rester ouverte et de trouver les matériaux qui serviront le mieux mon propos.

Bracelet

Ring

Ring

Broches fourmies Collection Memento Mori Photo crédit photographique: Suzane Brun

Ring

BO
LMF: …et tes sources d’inspiration ?
O: J'adore l'art contemporain, Orlan, Boltanski, Hans Bellmer, Annette Messager.... sont des artistes qui m'influencent beaucoup. Mais aussi, le cabinet de curiosité et les vanités sont très présents comme sources d'inspiration. L'imagerie scientifique joue aussi un rôle important.
LMF: Quel est pour toi le bijou indispensable à avoir ?
O: Je ne sais pas s'il existe de bijou indispensable... Souvent le bijou est sentimental, lié à l'affect, à la famille. Peut-être que le bijou «le plus souhaitable» est celui qui nous relie à une histoire personnelle.
LMF: Le comble du mauvais goût selon toi ?
O: Mettre des chaussettes avec des sandales !
LMF: Des projets d’avenir ?
O: Ouvrir un atelier/galerie de bijoux... on verra !